GH Pingusson

Georges-Henri PINGUSSON
Né à Clermont Ferrand en juillet 1894  Mort à Paris à 84 ans en octobre 1978

 

Après des études à l’École des Roches, il obtient son diplôme d’ingénieur à l’École supérieure de mécanique et d’électricité .

En 1913, il combat durant la Première Guerre mondiale dans les Dardanelles il en revient avec les honneurs militaires. A  son retour, il part pour un voyage initiatique en Italie à la recherche des bases de la civilisation. Classé premier au concours d’entrée de l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Il étudie l’architecture de 1919 à 1925

Il dessine en 1930 une voiture au concept extrêmement moderne l’Unibloc, phares avant sous un vitrage caréné, ouverture des portes « en papillon » et structure en aluminium autoportante.

 

Il réalise en 1932 son premier chef-d’œuvre, l’hôtel Latitude 43  à Saint-Tropez, bâtiment emblématique de la coursive décalée, qui permet de s’adapter au site en offrant une double exposition aux chambres, vue mer au nord et soleil sur la pinède au sud. Le bâtiment développe sur son fronton mer la silhouette d’un paquebot moderne, radicalement layé par les lignes horizontales des coursives et des vues nord. Ce bâtiment s’inscrit dans un complexe aujourd’hui disparu qui s’échelonnait jusqu’au bord de mer, casino, piscine, terrains de sports, dédiés à l’homme moderne.

 

Il participe à l’Union des artistes modernes (UAM) aux côtés de Robert Mallet-StevensTony GarnierLe CorbusierAuguste PerretMarcel LodsAndré LurçatJean Prouvé, etc. Il entre par ailleurs au comité de rédaction de la revue L’Architecture d’aujourd’hui dès les premiers numéros.

Durant la guerre, il travaille à des études sur la normalisation de la construction, et prépare la Reconstruction avec d’autres architectes comme Jean Prouvé.

Architecte en chef de la reconstruction de la Sarre  puis du département de la Moselle .Il propose en 1947 un plan d’urbanisme futuriste et dédié à la modernité pour la reconstruction totale de Sarrebruckla caserne des pompiers de Metzde Sarreguemines et le plan de Briey (Le Corbusier y réalisera son unité d’habitation). Il réalise en Lorraine un grand nombre de plans et logements, notamment pour la reconstruction de la ville de Waldwisse, mais aussi des églises dont l’église de Boust, église ronde, exprimant après les destructions et le chaos, la fraternité retrouvée dans l’unité de Dieu.

Son second chef-d’œuvre est sans conteste le mémorial des martyrs de la déportation situé au bout de l’île de la Cité à Paris, réalisé avec une contrainte de non-visibilité par la présence de Notre-Dame. Il magnifie le programme en l’enfouissant dans une crypte, à laquelle on accède forcément seul vu le gabarit de l’escalier qui y mène, pour se retrouver broyé face à un peloton d’exécution stylisé, qu’il fera réaliser en fer de construction. Les agrégats du béton blanc mégalithique ont été réalisés, symboliquement,  avec des matériaux provenant de tous les sols de France. La porte d’entrée semble par l’inclinaison des murs, se refermer sur l’individu. Le rond poli qui est gravé dans le béton de cette porte, représente toutes les âmes qui, sur l’autre face en vis-à-vis, sont symbolisées par les lumières qui brillent dans l’obscurité du couloir funéraire.

Doué d’une grande culture, il enseigne en tant que chef d’atelier à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, puis à l’école d’architecture de Nanterre, où il développe la notion de pluridisciplinarité et les outils d’investigation dans tous les domaines du savoir et des connaissances, techniques et sociales. Il promeut des ateliers « hors les murs de l’école » dont le chantier du Vialle .

En 1974 il découvre le Vialle ancien village fortifié de Grillon (Vaucluse) et réalise plusieurs esquisses en vue de sa restauration. En 1978, la construction de 18 logements sociaux (HLM) est lancée. Cet ensemble présente un intérêt architectural indéniable : les murs, hors remparts et maçonneries d’origine conservés en l’état, sont réalisés dans une formule originale de « béton cyclopéen » utilisant les pierres provenant des démolitions du Vialle.  (Coloris s’intégrant à l’existant et sans doute même principe symbolique que pour le monument sur la Déportation.)

Le Vialle est le fruit d’une expérience originale de réhabilitation et de reconquête de l’habitat ancien.

Georges-Henri PINGUSSON ne put voir l’achèvement de ce dernier projet, il meurt à 84 ans pendant le déroulement des études,

Dans les années 70 M. Pingusson restaure une ancienne bergerie à Taulignan au-dessus du Pontaujar, dans laquelle il séjournera durant ses dernières années. Il est enterré ici dans ce village qu’il aimait bien.

P.S. Anecdotique.

Pour la petite histoire l’hôtel Latitude 43 à St Tropez a été transformé en appartements  dont l’un est actuellement en vente à 1 500 000 € pour 122m2 !!!

JF Boissier