Exposition de quelques chartes de Taulignan restaurées
De quoi s’agit-il ici ? Outre un registre du cadastre de 1665, ni plus ni moins que des éléments les plus anciens de notre patrimoine, sous la forme de 7 parchemins du XIIIe au XVe siècle, dont sont exposés 4 originaux et 3 reproductions (ces dernières pour des raisons pratiques, la taille des originaux ne leur permettant pas d’entrer dans une vitrine).
Ce sont des parchemins, c’est-à-dire des documents écrits sur des peaux d’animal, généralement mouton ou veau, parfois cousues l’une à l’autre, qui servaient de support aux actes importants.
Ces documents sont appelés « instruments » : ce sont des actes juridiques établis par une personne habilitée, le plus souvent un notaire, car c’est une des rares personnes à savoir écrire, et qui spécifient les dispositions d’un accord entre deux parties, d’une convention, d’un engagement, et qui serviront par la suite de référence pour l’exercice d’un droit.
Ces actes sont rédigés en latin qui est partout la langue de l’écrit au Moyen Âge, l’occitan étant chez nous comme dans tout le Midi la seule langue parlée du XIIe au XVIe siècle, mais que pour Taulignan l’on ne retrouve pas dans les chartes. On a par contre l’occitan à l’écrit à Taulignan dans les comptes consulaires, c’est-à-dire la comptabilité de la ville tenue par, ou au nom, des consuls (consols) de 1455 à 1539, avec quelques cahiers en latin. Le français n’apparaît à Taulignan dans aucun document avant 1539 date à laquelle le premier François, le roi Français Ier (prononcer les deux [franswè]), le rend obligatoire à l’écrit par son ordonnance de Villers-Cotterêts du 25 août.
Ces textes, rédigés en latin donc, sont généralement construits sur le même modèle, un peu à la manière de nos actes notariés, avec au début indication de l’année (on se souvient que le calendrier julien ne correspond pas au nôtre avant 1582) et, à la fin, mention du lieu, des différents témoins, de l’ordre d’une demi-douzaine ou plus, et du notaire qui a rédigé l’acte. Dans la plupart des cas est appendu un sceau mais ceux-ci n’ont bien souvent pas survécu au passage du temps (et des lecteurs successifs…)
Comme on pourra le constater, le contenu de ces actes est loin d’être immédiatement accessible, que ce soit en raison de la langue employée (même si le latin n’est pas très difficile) ou en raison de l’écriture (même si l’on est familiarisé avec la paléographie) ou encore à cause de leur état de conservation. Si bien que rares sont les personnes susceptibles de les lire si l’on n’a pas fait l’École des chartes. L’historien non professionnel pourra toutefois avoir recours aux résumés que l’on peut trouver dans les inventaires d’archives dressés par les archivistes comme André Lacroix ou, comme c’est le cas pour quelques-unes de nos chartes, s’il l’on a la chance de tomber sur une traduction française qui en a été faite vers le milieu du XVIe siècle.
JC Rixte
Le vernissage du 2 mars 2019 a rassemblé une trentaine de personnes, nous vous espérons nombreux à venir à cette exposition.